L’œuvre d’Akira Tanaka est unique en son genre. Sa peinture représente les gens tels qu’ils sont au quotidien. Elle se concentre sur les visages et les activités quotidiennes de la population.
Sa source d’inspiration
Sous l’influence notamment de l’Art Brut avec Jean Dubuffet, l’œuvre de Tanaka va faire écho au renouveau du mouvement de la figuration d’après-guerre. Elle réussira à véritablement se situer une fois au contact de la Ville des Lumières.
La spécificité de l’œuvre de Tanaka réside avant tout dans la représentation des gens du peuple. L’Europe des années 60-70 constitue sa principale source d’inspiration, notamment les français, espagnols, portugais ou italiens.
Tanaka va chercher à décrire le visage des gens qui, selon lui, « ne portent pas de masque ». C’est donc dès son installation en France que l’artiste passera la plupart de son temps à errer dans les rues (ex. Montparnasse ou les jardins du Luxembourg à Paris) ou sur les routes de campagne pour capter de façon méthodique et scrupuleuse (avec l’aide d’esquisses réalisées à la volée) la vérité spontanée qu’expriment à ses yeux le regard et les mimiques des gens.
Les thèmes abordés
Parmi les thèmes récurrents qu’il aime peindre on retrouve : le café-bistrot, le marché (aux fruits & légumes, aux puces, ou encore aux timbres), la mer ainsi que les marin-pêcheurs (essentiellement de Bretagne, d’Espagne et d’Italie), le journal (avec une préférence particulière pour le quotidien français « Le Figaro »), les métiers (artisans et commerçants de rue en tout genre), les musiciens (d’orchestre et de rue), les jeux (les échecs, les cartes ou encore la pétanque), la maternité, les transports en commun (bus et métro), la discussion sur un banc, ou encore la Corrida espagnole.
Tanaka peignait ses toiles généralement dans des couleurs assourdies, dominées par les gris et les bruns. Elles étaient traversées fréquemment de couleurs vives (telles le rouge, le jaune, le bleu, ou encore le rose).
La technique de ses œuvres
Dès son arrivée en France, son support principal devient une toile de lin non préparée qu’il qualifie de « toile grossière ». Pour la couche de fond, l’artiste utilisait une peinture vinylique dissoluble dans l’eau. Il l’étalait ensuite sur la toile au couteau pour donner un aspect rugueux et inégal. Après avoir fait sécher cette première couche, il rajoutait par dessus une couche à base de blanc mélangée de façon non uniforme à des couleurs vives. Quand le tout était sec (en moyenne entre 3 et 4 jours), c’est là que l’artiste commençait à peindre la scène et les personnages retenus pour l’œuvre en question. Tanaka a signé la majorité de ses toiles en caractères latins avec les mentions « Akira Tanaka », « Tanaka » ou encore parfois « Akira T ».
L’héritage
Durant toute sa vie, Tanaka va œuvrer à créer une peinture à l’expressionnisme contenu. Dès ses débuts, il réalisa de gigantesques fresques illustrant une Europe d’autrefois faite de personnages à l’expression parfois japonisante. Au final, cette œuvre figurative, qui se chiffre par des centaines de toiles, aboutira à décrire une certaine mélancolie humaine. Cette mélancolie est dépeinte sur un fond de couleur ténue soigneusement et volontairement déposée avec irrégularité.
La peinture de Tanaka parvient à faire ressentir une certaine douceur à travers une image personnifiée a priori austère. Par ce paradoxe, Tanaka a livré ici un message artistique qui reste au demeurant unique dans son genre.
Citations
Plusieurs personnalités du monde de l’art se sont exprimées sur les travaux d’Akira Tanaka. En voici quelques exemples :
«…Pétri d’humanité, de tendresse éperdue, l’art d’Akira Tanaka est un vaste poème d’où s’échappe le cœur battant de ses semblables… Cette étonnante proximité témoigne, à l’évidence, que le peintre japonais est un grand peintre. Akira Tanaka est celui que Baudelaire appelait de ses vœux: ‘Celui-là sera le peintre, le vrai peintre, qui saura arracher à la vie actuelle son côté épique, et nous faire voir et comprendre, avec de la couleur ou du dessin, combien nous sommes grands et poétiques dans nos cravates et nos bottines vernies.»
Noël Coret, Président du Salon d’Automne de Paris
«…il les regarde [ces modèles] surtout avec l’oeil d’un humaniste. C’est en cela que la peinture de Tanaka est sociale, au sens où elle développe vis-à-vis de cette population fatiguée, usée par l’existence, une empathie réelle, une compassion sincère. Il dépeint en silence cette longue cohorte. Mais nul désenchantement morbide ne pointe chez le peintre qui, en s’appropriant quelques codes de la caricature (gros nez, petits yeux) désamorce le pathos: on aime ces visages aux allures de tubercules, ces doigts boudinés. Tout cela, au final, enfle et déborde de ce qui reste de vie chez eux. Akira Tanaka ne nous montre pas des personnages, mais des personnes: c’est là la force de sa peinture.»
Jean-Michel Roudier, Critique d’Art